Blogue — La Cocotte enchantée
Peut-on choisir sans renoncer ?

La Cocotte enchantée, en ligne du 8 février 2014 au 15 février 2016, est un blog de fiction où Cy Jung prête sa plume à une lesbienne parisienne de 50 ans qui pourrait être son alter ego si tant est qu’elle ne soit pas réac et catho. Une gageure… et des commentaires qui vont avec. En ligne ici.
Chaque semaine, Cy Jung a rassemblé ses billets dans une chronique dominicale, commentaires impertinents sur les Évangiles et la culture dominante en prime. Ces chroniques sont rassemblées ci-dessous.
[La Cocotte enchantée] Dimanche de la Sainte Trinité
Chronique du 31 mai 2015.
Les voilà tous réunis, le Père, le fils, et l’Esprit Saint pour ne faire qu’un : Dieu. S’est-on d’ailleurs interrogé sur le fait de savoir qui incarne le Moi, le Surmoi et le Ça, dans l’inconscient du divin ? Le coquin, c’est Jésus, pas de doute. Mais celui qui veille, est-ce le Père ou l’Esprit Saint ? En voilà une question pour les psychanalystes, que nous leur laissons. La Cocotte enchantée n’aime pas tant que l’on parsème sa foi de la parole freudienne et ni des écrit(ture)s lacaniennes. Y verrait-elle une concurrence ? Bien sûr que oui.
Revenons à la messe du jour qui viendrait nous dire qui est Dieu. Ce n’est tout de même pas une mince affaire, une révélation pareille, car cela peut nous amener à considérer que Dieu existe là où chacun sait que l’on n’a jamais prouvé son existence, ni son inexistence… Concentrons-nous. Dieu se constitue donc par l’union du Père, du Fils et de l’Esprit Saint ce dont Paul nous éclaire, une fois encore, en un passage un peu long mais nécessaire.
« (…) vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ;
« et c’est en lui que nous crions « Abba ! »,
« c’est-à-dire : Père !
« C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit
« que nous sommes enfants de Dieu.
« Puisque nous sommes ses enfants,
« nous sommes aussi ses héritiers :
« héritiers de Dieu,
« héritiers avec le Christ,
« si du moins nous souffrons avec lui
« pour être avec lui dans la gloire. » [Rm 8, 14-17]
C’est ainsi l’Esprit Saint qui fait Dieu dont nous sommes les enfants à l’instar de Jésus. Dieu existe avant toute chose à travers nous, nous qui « souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire ». Si l’on poursuit le raisonnement, la conclusion s’impose : Dieu, c’est nous. Dieux, c’est vous. Et ceci parce que c’était Lui, parce que c’était nous.
Limpide, non ? Ne protestez pas.
La Cocotte enchantée, enfin revenue de tous ses voyages, ne partagerait pas forcément cette analyse mais ne pourrait se départir d’incarner Dieu, l’amour. Oui, cela est indiscutable, nous incarnons l’amour, tous, et qu’importe qu’il se nomme Dieu ou Josette tant qu’il ne se vêt pas des oripeaux du mariage. Ah ! le mariage : la Cocotte s’en repaît dans son Four tant elle se régale de passer le Riquiqui et ses semblables à la Cassolette sans négliger d’assaisonner le Couscoussier.
Quelle énergie ! C’est connu, les voyages forment la jeunesse autant que partir, c’est mourir un peu. La Cocotte est revenue, la Sainte Trinité incarne l’amour et nous sommes Dieu. Que demande le peuple ? De la brioche, bien sûr.
À plus !
[La Cocotte enchantée] Dimanche de Pentecôte
Chronique du 24 mai 2015.
Voilà, le cycle de Pâques se termine. Jésus est mort en croix puis est ressuscité, monté au Ciel et l’Esprit Saint revient en boomerang veiller sur nous. On apprend à cette occasion que « Pentecôte » est un mot d’origine grecque. Peut-on espérer que la dégénérescence annoncée de l’enseignement du grec ancien débarrasse ainsi notre calendrier d’une fête chrétienne ? Que nenni : oublier la racine n’a jamais empêché personne de récolter le fruit de l’arbre. Oublier la racine, elle qui se nourrit de la terre et s’abreuve du ciel ; ne s’intéresser qu’au fruit : quel joli résumé de la condition humaine que voilà !
« Tous, ils comptent sur Toi
« pour recevoir leur nourriture au temps voulu.
« Tu donnes : eux, ils ramassent ;
« Tu ouvres la main : ils sont comblés. » [Psaume : 103 (104), 27-28]
La Pentecôte, donc. Et le temps ordinaire qui commence avec l’Esprit qui ne doit pas quitter nos cœurs même si le calendrier liturgique est moins trépidant que les cinquante jours passés. La Cocotte enchantée, elle-même, pourra s’en faire l’écho tant elle nous a habituée ces dernières semaines à courir partout, portant sa croix jusqu’en Suède, abandonnant Jo à des conversations entendues avec Rosalie. L’eau fuse de la Bouilloire quand ce n’est pas le Robot cuiseur qui déborde : autre manière de résumer cette sorte de frénésie pascale qui ne l’a pas quittée.
Serait-elle arrivée à nous épuiser ? Un peu. Heureusement, l’Esprit Saint…
« (…) voici le fruit de l’Esprit :
« amour, joie, paix, patience,
« bonté, bienveillance, fidélité,
« douceur et maîtrise de soi. » [« Le fruit de l’Esprit » (Ga 5,16-25)]
Que de la bonne ! On se pose. Silence. On savoure.
À plus !
[La Cocotte enchantée] 7e dimanche de Pâques
Chronique du 17 mai 2015.
On a craint un instant que la Cocotte enchantée ne nous abandonne en pleine Ascension, tout occupée qu’elle est à assister son amie albinos au pays de la cannelle, du poisson fumé et des meubles préfabriqués ! Déjà que Jésus, lui-même, est retourné chez son Père après quarante jours d’errance sur Terre, entre ripailles avec ses apôtres et blagounettes diverses et variées. Sacré drôle, ce Jésus ! Reste à savoir ce que nous enseigne son retour au bercail.
Le père Bernard Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France (on ne néglige pas la qualité de la référence) nous explique.
« Tandis que nous croulons chaque jour sous une visibilité clinquante, agressive et impudique, l’Ascension propose une juste distance, un respect de l’intimité, une invisibilité respectueuse de l’homme.
« L’Ascension dit que l’homme dépasse… l’homme ! » (ici)
Cela signifie-t-il que, si Marine retourne servir la soupe à Jean-Marie, la femme dépasse l’homme ? Ou alors qu’elle fait bien de garder une « juste distance » d’avec son cher papa ?
— Pilipi-piou-T’es-tombée-dans-un-cannel’roll ?-piou-piou !
Oui, Jo, ce doit être ça ; on ne comprend pas grand-chose à la liturgie aujourd’hui, et la Cocotte enchantée ne nous aide pas en tournant sur sa Broche plus de foi qu’il n’en faut pour accepter le dogme. Une constance, chez notre Cocotte, constance qui nous permet de considérer cette Ascension comme le signe que chacun a droit de prendre un peu de vacances en famille même quand la loi du Père sacrifie le fils sur l’autel de sa notoriété. Un peu comme Jean-Marie qui rechigne à laisser la place à sa fille ? Il y a de cela, à cette nuance que Jésus n’a jamais cherché à discréditer son Père, ni son père d’ailleurs.
Bon garçon que voilà. Il ne nous reste plus qu’à attendre qu’il nous renvoie l’Esprit Saint — que notre Cocotte dresse déjà dans un joli Plat — pour aller jusqu’à Noël et reprendre l’histoire à son début. D’ici là, régalons-nous de la Sauteuse comme de la Terrine tant la Cocotte nous y éclaire de ces histoires de famille complexes entre deux moments d’amour pur.
L’Ascension. Vous croyez au hasard ?
À plus !
[La Cocotte enchantée] 6e dimanche de Pâques
Chronique du 10 mai 2015.
La Cocotte enchantée peut-elle nous pardonner de célébrer, en ce sixième dimanche de Pâques, la mémoire de Tonton plutôt que de nous intéresser à la vie de Jésus ? Nous pourrons toujours la renvoyer à la lecture des Actes des Apôtres « Même sur les nations païennes, le don de l’Esprit Saint avait été répandu » (Ac 10, 25-26.34-35.44-48), notre feu président étant d’ailleurs la preuve que le pire de bolcheviques (c’est ainsi qu’elle considérait Mitterrand, on s’en doute) peut souhaiter accéder à la foi, au moins à l’aube de sa mort, histoire sans doute de s’assurer les bonnes grâces de Dieu.
Les croyants de toute une vie, comme notre Cocotte, trouveront peut-être la démarche facile, invoquer Dieu juste au moment où l’on craint le plus d’y être confronté. Ce serait là bien mauvaise foi (chrétienne) puisque ce serait admettre que la mort nous porte à la confrontation plutôt qu’à la rédemption. Dieu a bien autre chose à faire que de sélectionner d’entre les morts les bons et les méchants. Quoi, par exemple ? Nous inviter à nous aimer, par exemple.
« Bien-aimés,
« aimons-nous
« les uns les autres,
« puisque l’amour vient de Dieu.
« Celui qui aime est né de Dieu
« et connaît Dieu.
« Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu,
« car Dieu est amour. » (1 Jn 4, 7-10)
Y a du boulot !
Revenons à notre Tonton. Pour lui aussi, il y avait du boulot ! Et nous devons être fiers du travail accompli. Fiers ? Oui, fier, car même s’il n’a pas instauré la révolution socialiste (ce n’était d’ailleurs pas son programme), il a tant donné d’air à la société française que personne ne se souvient de combien elle était figée alors. On médit. On récrie. Mais quel électeur du « Riquiqui », comme le surnomme notre Cocotte, dans son cœur, n’avait pas le désir secret que l’histoire du 10 mai se répète ?
C’est à cette méditation que ce dimanche nous invite pendant que la Cocotte enchantée sort du Four un autre gâteau de fête tout en s’inquiétant des augures du Couscoussier avant de revenir à la joie simple de la Sauteuse. Aimons-nous, et soyons fiers. Qu’importe en fait de qui, de quoi ? L’essentiel n’est jamais véritablement dans l’objet.
À plus !
[La Cocotte enchantée] 5e dimanche de Pâques
Chronique du 3 mai 2015.
De quoi nous parlent les Évangiles, ce matin ? D’amour, bien sûr.
Écoutons.
« Nous sommes des êtres de lien et d’amour.
« Nous avons besoin de nourritures affectives pour nous épanouir.
« Nous avons besoin d’aimer pour vivre.
« Cultiver nos capacités à aimer, ce n’est pas devoir toujours aimer ni aimer tout le monde,
« mais pouvoir le faire le plus souvent possible. »
Jésus parle bien étrangement ce matin. Se serait-il pris une pierre sur la tête en plus des autres supplices qu’il a subis ?
— Tu t’es trompée de K7 !
De K7 Caddie ? Mais qui parle ainsi ?
— Christophe André.
Il a une voix si douce… On aurait pu penser que c’était Jésus.
— Qui pense que Jésus a la voix douce ?
La Cocotte enchantée peut-être ? Depuis qu’elle a passé une semaine à la campagne, elle aime le chant des oiseaux elle qui rouméguait au premier moineau posé sur sa fenêtre. Tu crois que Christophe André porte le chant de Petit Mouton ?
— Va savoir ! En attendant, tu ferais bien d’en prendre de la graine…
Il y a déjà des graines de courge tous les matins, que veux-tu de plus ? Que l’on s’en trouve une petite ?
— Fais ta drôle, tu ne trompes personne !
D’accord, Caddie. Revenons à notre Cocotte et à ses messages d’amour qui sont à l’honneur dans sa Bouilloire, bien sûr, même si l’ombre de la Cassolette plane sur le meilleur de chacun de nous. Christophe André lui-même nous met en garde.
« La vie peut nous pousser à oublier, à négliger cette dimension de notre humanité. »
Et, propose sa solution.
« La pratique de la pleine conscience nous propose de nous y reconnecter très régulièrement pour diminuer nos souffrances et celles des autres humains et pour utiliser plus souvent le pouvoir de l’amour. » [Christophe André, Méditer, jour après jour, CD, « 18. Introduction à la méditation d’amour et de lien » (2011).]
On essaie ?
— « The power of love » !
Oui Caddie ! La Cocotte enchantée, Jésus et Christophe, tous unis pour nous guider dans l’amour ! Si avec ça on n’y arrive pas, que reste-t-il ?
— Le fooooot !
Merci Petit Mouton.
À plus !
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