Je sais depuis longtemps, grâce à Pascale on s’en doute, que la proposition amenée par les verbes exprimant la crainte ou le doute se construit avec un « ne explétif ». Je suis d’ailleurs surprise de ne pas retrouver un article du LexCy(que) sur le sujet…
Je profite donc de mon souci du jour pour rappeler la règle : le « ne explétif » est un « ne » qui n’exprime pas la négation mais qui sert juste à la construction grammaticale de la proposition amenée par certains verbes, noms ou certaines locutions conjonctives. Il est quoi qu’il arrive facultatif.
Grevisse [§1024] établit la liste de ses usages : avec les verbes exprimant le doute, la négation ou la crainte, après « éviter que », « empêcher que », dans les « propositions corrélatives appelées par un adverbe d’inégalité ou par « meilleur, moindre, pire, autre », dans les constructions avec « s’en falloir », dans « il tient à… que », « Il dépend que… que » ; et avec les propositions conjonctives « avant que », « à moins que » et parfois « sans que ».
Je redis encore que ne pas le mettre n’est jamais une faute ; alors que le mettre abusivement, comme je le fais souvent avec « sans que » peut en être une [**]. Mais, en dépit des nombreuses explications de Pascale, je n’ai jamais compris quand « sans que » l’admettait ou non ; j’ai donc décidé de toujours le mettre ; le « ne explétif » m’est très doux à l’oreille.
J’en reviens à ma question, que je n’ai pas encore posée… Que se passe-t-il dans le cas d’une double négation, c’est-à-dire ici quand le verbe « craindre » est lui déjà construit en forme négative ?
Ma construction en « ne…ne » me paraît pour le coup bien redondante. Antidote accepte les deux formes. Je relis avec attention Grevisse, [§1024 toujours] : « Souvent, dans les propositions dépendant d’un verbe ou d’un nom qui expriment la crainte et qui sont construits sans négation. »…
« Qui sont construits sans négation. » Ma phrase devient donc : On ne craint pas qu’il s’entartre.
Voir aussi sur le « ne explétif » l’article de ce LexCy(que) « Plus que… ne et autres propositions corrélatives ».