Une trentaine de personnes est venue ce soir-là, dont Marie de Saint-Blanquat, présidente du Groupement des Intellectuels Aveugles et Amblyopes (GIAA), et Philippe Chazal, président de la Confédération française pour la Promotion sociale des Aveugles et des Amblyopes (CFPSAA).
Les trois auteures présentes et Bertrand Verine ont d’abord accueilli et échangé avec les lecteurs venus les rencontrer, présenté aux uns et aux autres les différentes versions de L’autre beauté du monde (braille, gros caractères, CD et version « normale »), ont signé des exemplaires…
Il s’en est suivi une conversation collective où, après une présentation du concours « Dire le non-visuel » organisé dans le cadre des commémorations du Bicentenaire de la naissance de Louis Braille chacune des auteures a pu se présenter et évoquer son travail d’écriture. Pascale Le Besnerais a dit son émotion d’être primée et salué l’atelier d’écriture de Vanves qui lui a permis de participer à ce concours.
De son côté, Agnès Renaut a raconté son expérience du non-visuel grâce à un bandeau sur les yeux qui lui a révélé d’autres sensations, aiguisé ses autres sens. Mais s’agissait-il vraiment de perceptions nouvelles ou d’une recomposition mentale de la part de quelqu’un qui a accès au voir ? La question, posée par une personne aveugle, a amené Cy Jung à tenter de faire le lien entre voyants et non-voyants, considérant qu’en tant que malvoyante elle est plus proche des premiers que des seconds même si, au niveau des perceptions, elle a le sentiment de l’inverse.
Le but du concours « Dire le non-visuel » était atteint ! Aveugles, malvoyants et voyants ont ainsi pu échanger leurs expériences du non-visuel à la Vénus noire jusqu’à évoquer la question des images mentales [*] : ne seraient-elles pas, en fin de compte, un mode de représentation commun à tous ? Bernard, professeur de musique, a été dans la foulée très surpris d’apprendre que Cy Jung ne dispose pas d’images mentales [**] autant que Cy Jung a été surprise d’apprendre que Bernard, aveugle, lui en disposait.
« Mais tu n’as pas de mémoire ! », s’est-il exclamé, presque effrayé. Cy Jung a expliqué que sa mémoire passe par le récit et non par l’image. La conversation qui s’en est ensuivie avait quelque chose de surréaliste, la plupart des personnes présentes découvrant un monde sans images mentales, essayant les uns et autres de comprendre ce qu’ils voyaient, ne voyaient pas, et comment la beauté du monde leur apparaissait.
La soirée s’est terminée par une série de dédicaces et de nombreuses embrassades avec promesses de se revoir, bien sûr !
Merci encore à la Vénus noire pour son accueil, à Marc et aux bénévoles du GIAA pour leur aide et à Braulio Pires pour ses photos.
Lire le communiqué de presse.
Note : Si vous souhaitez organiser des rencontres avec les auteurs de L’autre beauté du monde, n’hésitez pas à contacter Bertrand Verine.
Crédits photos à l’ensemble de cette page : Braulio Pires (2010)®.