On dirait que l’on a pris un coup sur la tête, une dague dans le cœur. On est sonnée. L’âme saigne. On est entière pourtant, tant il ne serait pas acceptable que la barbarie et l’obscurantisme nous volassent une once de quelque chose.
Entière. Vivante. Libre. Fière.
La Cocotte enchantée ne nous en voudra sans doute pas mais on en profite pour délaisser les Écritures et en venir à Électre. On ressent un impérieux besoin de sobriété. Et de tendresse.
La Femme Narsès
« Oui, explique ! Je ne saisis jamais bien vite. Je sens évidemment qu’il se passe quelque chose, mais je me rends mal compte. Comment cela s’appelle-t-il, quand le jour se lève, comme aujourd’hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l’air pourtant se respire, et qu’on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s’entretuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève ? »Électre
« Demande au mendiant. Il le sait. »Le Mendiant
« Cela a un très beau nom, femme Narsès. Cela s’appelle l’aurore. »Le rideau tombe définitivement. (Jean Giraudoux, Électre, 1937.)« Le rideau tombe… » Une main se tend et le soulève. Une autre lui porte main forte. Une troisième. Dix. Vingt. Des milliers d’autres. Des millions et des centaines, des milliards pour que jamais le rideau ne tombe définitivement. Notre Cocotte, tout atterrée qu’elle est, ne le supporterait pas. Nous non plus. Laissons la lumière passer. Cueillons le moindre souffle. L’espoir. Ensemble. Relevons le gant et que la liberté à jamais porte l’estocade.
— Pilipi-piou-Tu-as-donc-la-foi ?-piou-piou !
La foi, Jo ? On préfère le désir, et l’aurore. Ils nous ramènent doucement dans la Gamelle de la Cocotte, là où vie prend substence. Viens, on soulève le Couvercle ; cela sent le populisme rôti au Barbecue et la bouillie électoraliste qui mijote dans le Chaudron.
— Pilipi-piou-Ça-pue !-piou-piou !
Oui, Jo. C’est le lot du champ de bataille.
L’aurore… Même sur les champs de bataille.
À plus !