On adore les histoires d’aveugle dans la Bible ! On les adore, ou presque…
« « Prenant la parole, Jésus lui dit :
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »
« L’aveugle lui dit :
« Rabbouni, que je retrouve la vue ! »
« Et Jésus lui dit :
« Va, ta foi t’a sauvé. »
« Aussitôt l’homme retrouva la vue, »
« et il suivait Jésus sur le chemin. » (Mc 10, 46b-52)
N’est-ce pas magnifique, pour un aveugle, de retrouver la vue ? Cela suppose d’abord qu’il l’ait perdue, ce qui est loin d’être le lot de tous les aveugles bien que la Bible nous suggère que nous serions « frappés de cécité » (pan !) à l’instar de Paul sur le chemin de Damas. Un éclair. Jésus est là. Saul (futur Paul) doit expier.
« Comme il était en route et approchait de Damas, soudain une lumière venant du ciel l’enveloppa de sa clarté.
« Il fut précipité à terre ; (…)
« Saul se releva de terre, et, quoique ses yeux fussent ouverts, il ne voyait rien ; on le prit par la main, et on le conduisit à Damas. » (Ac 9.3-8)
C’est plié. L’aveugle ne voit rien, il se laisse guider et retrouvera la vue quand il sera gentil avec Dieu. Mes fesses !
— Pardon ?
Oui, Caddie, mes fesses ! Tu n’imagines pas ce que c’est que de porter la peur collective de commettre cette erreur qui fera perdre la vue, tu sais, cette plainte « Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ? »
Et puis, sous-jacente, l’idée que voir avec la foi (le cœur) serait plus fort que voir avec les yeux, comme si l’aveuglement était forcément du côté du mécréant ! Quand on regarde tous ces religieux agir, tuer, réprimer, violer, torturer au nom de la lumière… Oui, finalement, la photophobie a du bon.
— De quoi te plains-tu, alors ?
De rien, caddie. Tu as raison. C’est juste très agaçant de se cogner deux millénaires de sclérose judéo-chrétienne tous les matins au petit déjeuner.
— Va ! Ta révolte t’a sauvée !
Tu fais un sacré messie, Caddie ! Il ne faudrait pas que l’on en oublie notre Cocotte enchantée qui, elle, dispose et de la foi et de la vue, une gourmandise ! Entre Jo qui joue de la Plaque pour marquer un essai, le Barbecue où les faits ne sont pas si divers et la Terrine qui recèle toujours plus d’abomination, il ne lui reste que la Gamelle de son amie albinos pour se consoler de la vie.
— Ce n’est pas très charitable.
C’est une métaphore Caddie, une parabole.
— Comme pour les aveugles ?
Pire !
— Impossible.
À plus !